Des vitraux de Maurice Denis

 

Les vitraux de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul ont subi à plusieurs reprises les conséquences des conflits, et ont été de nombreuses fois détruits et recréés, sans que l’on puisse toujours  conserver la trace de ce qu’ils représentaient. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, les vitraux de la chapelle d’axe furent détruits et l’on ignore aujourd’hui ce qu’ils représentaient. Pour les remplacer, on fit appel à l’artiste Maurice Denis, qui dessina 3 cartons pour les deux lancettes et la rose de la baie. Ils constituent une étape importante du processus de création d’un vitrail, puisqu’il s’agit pour le peintre d’agrandir à l’échelle définitive des vitraux, le dessin préparatoire, l’esquisse, qu’il avait imaginée. Ces dessins sur papier constituent aujourd’hui le seul témoignage direct des travaux de Maurice Denis pour ces vitraux : oubliés dans la grande opération de dépose des vitraux en 1939, ils disparurent pendant la seconde guerre mondiale, moins de 16 ans après leur pose. Dessinés et peints de la main de l’artiste, ils sont aussi une œuvre d’art rare et fragile.

Déjà en 1925, les commanditaires des vitraux de Villenauxe (le curé de la paroisse) avaient eu à cœur de faire appel à un grand artiste contemporain, de  renommée internationale, pour réaliser des vitraux dans l’église. Si les vitraux de Maurice Denis sont aujourd’hui disparus, les cartons présentés ici permettent d’en conserver la mémoire et de rappeler qu’une création contemporaine s’inscrit toujours dans une histoire longue. Pour ces vitraux, Maurice Denis proposa deux projets différents. Celui retenu en janvier 1926 par le clergé et l’architecte en chef des monuments historiques chargé du chantier favorisait les figures des saints patrons de l’église, Pierre et Paul, présentant les soldats morts au Christ, dessiné dans la rose sommitale. Six mois après le choix du projet, au mois de mai, les vitraux étaient réalisés et inaugurés après une messe de Requiem pour les Morts de la Guerre.

Maurice Denis dessina dans sa carrière plus de 70 projets de vitraux, mais il n’était pas verrier lui-même, aussi devait-il s’associer avec des maîtres-verriers pour transcrire en verre ce qu’il avait peint ou tracé sur le papier. Il confia la réalisation de ces vitraux à Marguerite Huré, avec laquelle il avait travaillé quelques années avant pour des vitraux dans l’église de Fère-en-Tardenois (Aisne).  Le message est clairement un message d’espérance. En bas au premier plan, la vue du champ de bataille montre des soldats morts, étendus sur le sol, dans leur uniforme bleu azur très reconnaissable. Le feu est encore ouvert, puisqu’on voit à droite, un soldat de dos en train d’épauler son fusil. Au fonds, un clocher d’église se détache sur le ciel. En position dominante, saint Pierre et saint Paul, les patrons de l’église de Villenauxe créent un lien entre la terre et le ciel. Posés sur des nuées qui recouvrent les cimes des arbres, ils désignent les morts de leurs mains et de leurs visages et intercèdent en leur faveur auprès du Christ, représenté tout en haut, sortant des nuées. A l’arrière-plan, deux anges emportent les âmes des soldats morts directement au ciel.

 

Empruntez l'exposition itinérante.

 

Bérénice Hartwig et Anne-Claire Garbe

Mars 2020

 

Carte d'identité

Cote : 45 Fi

Datation : 1925-1926

Description : Dessins des vitraux de l'église de Villenauxe, par Maurice Denis. Les vitraux ont disparus

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