Guillaume d'Autun, abbé de Clairvaux, ambassadeur cistercien au traité d'Arras (1435)

La crise que traverse l’Église lors du grand schisme d’Occident conduit à la division des ordres monastiques entre les camps avignonnais ou romains. En soutenant, avec l’ensemble du clergé français, l’élection de Clément VII, l’abbaye de Cîteaux et ses quatre premières filles se placent du côté du schisme, tandis qu’en Allemagne, en Bohême, en Pologne, en Angleterre, plusieurs abbayes cisterciennes et bientôt toute la filiation de Morimond, se rallient à Urbain VI. Le retour à l’unité de la Chrétienté, à la suite de l’élection de Martin V en 1417, entraîne de facto celui de l’Ordre.

Convoqué par Eugène IV en application du décret Frequens du concile de Constance (1414-1417) qui prévoit la réunion périodique de conciles généraux, le concile de Bâle se tient de 1431 à 1437, avant d’être transféré à Ferrare (1437), à Florence (1439) et enfin à Rome où se tinrent les dernières sessions entre 1441 et 1449. Il s’agit au départ, pour le nouveau pape, de réaffirmer l’autorité pontificale dans l’Église, en particulier à l’égard de l’autorité conciliaire, instituée à Constance comme véritable mode de gouvernement de l’Église. Ouvert le 23 juillet 1431, le concile s’affirme rapidement supérieur au pape. Ce dernier, prétextant une faible participation, le dissout le 18 décembre mais doit reculer devant le refus de l’assemblée de se séparer. Le concile se consacre alors à la réforme de l’Église, au règlement de la crise hussite et à une tentative d’union avec les églises orientales.

Comme son prédécesseur Matthieu Pillard, qui siégea au concile de Constance, Guillaume d’Autun fait partie de la délégation de vingt-cinq abbés cisterciens envoyés à Bâle. Cette bulle est expédiée entre la vingt-et-unième et la vingt-deuxième session, tenues respectivement à partir du 9 juin et du 15 octobre 1435, alors que se jouent les négociations devant mettre un terme à la guerre entre Armagnacs et Bourguignons. Le traité d’Arras, conclu le 20 septembre autour du roi Charles VII et de l’empereur, réunit de nombreuses délégations dont celle envoyée par le pape et le concile de Bâle, conduite par le cardinal Nicolas Albergati. La bulle règle les questions pratiques du voyage de l’abbé de Clairvaux, chargé de se rendre dans le Brabant puis à Arras afin d’y rencontrer la délégation romaine. Il est ainsi demandé à tous les princes, les évêques et les abbés de faciliter le passage de l’équipage de Guillaume d’Autun sur leurs terres ou dans leurs villes, en l’exemptant des droits de péages au passage des portes et des ponts, ainsi que des tonlieux lors de son approvisionnement sur leurs foires et leurs marchés.

Organisé avec des organes de gouvernement comparables à ceux de la curie romaine, le concile de Bâle a sa propre bulle de plomb pour l’authentification de ses actes.

 

Arnaud Baudin

Décembre 2020

Carte d'identité

 

Cote : 3 H 266 

Datation : 1er juillet 1435

Description : Bulle de sauf-conduit du concile de Bâle demandant à l’ensemble des autorités ecclésiastiques et laïques de permettre à Guillaume d’Autun, abbé de Clairvaux, chargé d’une mission en Brabant et auprès des légats apostoliques d’Arras pour la pacification du royaume, de circuler sur l’ensemble de leurs domaines en compagnie de douze personnes, de son équipage et de ses biens, en toute sécurité et libre de tout péage et de tout tonlieu.

Support : Parchemin scellé sur cordons de chanvre, 260 × 400 mm (repli :69 mm)

Bulle de plomb (diam. 37 mm). Avers : Dieu le Père bénissant l’assemblée des pères conciliaires sur laquelle descend la colombe de l’Esprit saint. Revers : À l’intérieur d’un grènetis, l’inscription / : SACRO/S(an)C(t)A : GENE/RALIS : SINO/DVS : BASI/LIENSIS

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