Une infirmière de la Grande Guerre "Morte pour la France" à l'honneur

Au sein des fonds d'archives privées, les Archives de l'Aube conservent plusieurs distinctions attribuées à Célestine Tinchant, infirmière "Morte pour la France" en 1918, par le Ministère de la Guerre et la Société française de secours aux blessés militaires.

  • Médaille d’honneur des épidémies au titre du Ministère de la Guerre (1791-1945)

Dès la première moitié du XIXe siècle, la multiplication des épisodes d’épidémies de choléra en France nécessite la présence accrue du personnel soignant dans les établissements de santé. Désireuses de récompenser ces actions de dévouement, les villes attribuent une médaille à toute personne ayant participé activement aux campagnes de guérison. À partir de 1835, cette pratique est instituée par le ministère du Commerce dont dépendent les services de l’hygiène publique puis elle est finalement reprise par le gouvernement.

Votée par décret du 31 mars 1885 à la suite de la propagation du choléra dans le sud de la France, la médaille d’honneur des épidémies récompense les « personnes qui se sont particulièrement signalées par leur dévouement pendant des maladies épidémiques ». Son attribution est successivement effectuée par les ministères de l’Intérieur et de la Santé publique.

Au cours de la Première Guerre mondiale, cette récompense est accordée sans aucune distinction aux civils et militaires ayant secourus blessés et malades en particulier lors de l’épidémie de grippe espagnole. En 1921, suite à la création du ministère de l’Hygiène, le revers de la médaille mentionne l’affiliation des personnes récompensées. En 1962, elle est finalement abrogée par la médaille d’honneur du service de santé des armées.

De forme circulaire, la médaille d’honneur mesure 27 mm et possède 4 échelons selon les fonctions occupées par son récipiendaire (bronze, argent, vermeil et or). Elle est appendue par un ruban tricolore de 30 mm.

La médaille d’honneur attribuée à Célestine Tinchant a été réalisée en argent. Son avers reprend l’effigie de la République incarnée par la tête d’une femme ailée, entourée de la légende « République française ».

La mention « Hubert Ponscarme » dans la partie inférieure de la médaille indique qu’il s’agit de son réalisateur. Médailleur et sculpteur, il obtient plusieurs prix pour ses conceptions et devient portraitriste en médaille pour les représentations de Napoléon III.

Le revers quant à lui comporte un cartouche central nominatif surmonté d’un caducée et d’une palme entourée par la légende « Ministère de la Guerre et Dévouement – Epidémies ».

La médaille est conservée dans son écrin d’origine de couleur verte avec les inscriptions « Ministère de la Guerre – Mademoiselle Célestine Tinchant 1918 ». Elle s’accompagne également d’un diplôme d’honneur certifiant l’attribution de la récompense. Le document permet ainsi d’attester de son authenticité.

La médaille d’honneur des épidémies au titre du Ministère de la Guerre (1791-1945)
La médaille d’honneur des épidémies au titre du Ministère de la Guerre (1791-1945)
Son écrin d’origine de couleur verte
Son écrin d’origine de couleur verte
  • Médailles de la Société de Secours aux Blessés Militaires (1892-1940)

Médaille nationale

La médaille décernée par la Société de Secours aux Blessés Militaires est une médaille commémorative non officielle. Ancêtre de la Croix Rouge Française, la Société de Secours aux Blessés Militaires a été créée en 1864 à l’initiative d’Henri Dunant.

La médaille présentée mesure 26 mm et a été réalisée en bronze et patinée couleur argent. L’avers montre un personnage féminin – Marianne –, devant une croix, tenant un soldat blessé dans ses bras , avec pour légende « Patrie » et « Dévouement ». La mention « Louis Botté » dans la partie inférieure signe la réalisation. Son revers porte la légende « Société française de secours aux blessés militaires – 1864-1866 » autour d’un cartouche vierge prévu pour indiquer le nom du titulaire.

Surmonté par un cartouche comportant les initiales S.B. signifiant « Secours aux Blessés » et une couronne de laurier, la médaille est appendue par un ruban blanc brodé d’une croix rouge.

La médaille nationale de la Société de Secours aux Blessés Militaires (1892-1940)
La médaille nationale de la Société de Secours aux Blessés Militaires (1892-1940)

Médaille de reconnaissance

Accordée lors de services exceptionnels ou de longue durée des membres de la Société de Secours aux Blessés Militaires, cette médaille de 50 mm se décline en trois grades. Dans le cas présent, il s’agit de la médaille d’or conférant le grade le plus élevé.

Avers de la médaille de reconnaissance
Avers de la médaille de reconnaissance
Revers de la médaille de reconnaissance
Revers de la médaille de reconnaissance

L’avers de la médaille présente le symbole de la croix rouge légendé de la mention « Société Française de Secours aux Blessés ». Le revers de la médaille est nominatif et présente une couronne de laurier et de chêne portant pour inscription : « À la mémoire de Mademoiselle Tinchant, infirmière de la S.S.B.M. morte pour la France 1918 ». Elle est conservée dans un écrin rouge.

Lisa Carval

Mars 2023

Diplôme d'honneur décerné à Célestine Trinchant par la Société française de secours aux blessés miliaires.
Diplôme d'honneur décerné à Célestine Trinchant par la Société française de secours aux blessés miliaires.
Revers des médailles
Revers des médailles
Célestine Trinchant honorée comme "Morte pour la France"
Célestine Trinchant honorée comme "Morte pour la France"

Pavé technique

Titre : Distinction nationale attribuée au personnel soignant féminin en période d’épidémie

Cote : 1 J 1756

Date : 1918 - 1929

Support : Papier – argent - bronze doré

Description : Médailles d’honneur des épidémies au titre du Ministère de la Guerre et de la Société française de secours aux blessés militaires attribuées à Mademoiselle Célestine Tinchant, infirmière « Morte pour la France » en 1918.

Pour aller plus loin

  •  « Médaille d’honneur des épidémies » dans Michel Droit (dir.), Ordres et décorations de France, Toulouse, éditions du Grand Rond, 1982, p. 338.
  • 36 J 180 LHUILLIER (Maëlle), Le secours aux blessés et malades militaires à Troyes pendant la première guerre mondiale, maîtrise d’histoire, Reims, 2004.
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