L'hôpital de Troyes se refait une santé

Photographie aérienne de l'hôpital
Photographie aérienne de l'hôpital

À la fin du XIXe siècle, les locaux de l’Hôtel-Dieu-le-Comte qui accueillent les malades depuis le XIIe siècle sont saturés. La Commission administrative des hospices de Troyes prend alors la décision de transférer les services hospitaliers dans un établissement neuf qui offrirait un meilleur accueil médical. L’enjeu est d’offrir à la population locale un établissement moderne, accueillant et à la pointe des dernières technologies médicales. Cette volonté des autorités locales s’inscrit dans la modernisation de l’accès aux soins prévue notamment par la loi du 21 mars 1928 sur la création et la réfection des établissements hospitaliers. Des architectes locaux, Bauer et Mathieu, puis le cabinet Robert et frères, sont choisis. Mais, afin de s’assurer des dernières normes architecturales et médicales, la Commission administrative fait appel à des autorités reconnues comme le professeur Louis Martin de l'Institut Pasteur  ou Louis Feine, architecte du gouvernement.

Le terrain des Hauts-Clos est acheté en 1932. C’est alors un terrain vague et désert, situé en dehors de la ville. Les travaux de fondation débutent l’année suivante grâce à la réflexion menée de concert entre la Commission administrative des hospices, le conseil municipal de la Ville de Troyes, des architectes, des programmistes et le Conseil de santé, délégué par le Ministère de la Santé. Plusieurs projets sont imaginés. Celui qui est retenu est le bâtiment que l’on connaît encore aujourd’hui, formant une aile longue, principale, à laquelle est attachée deux ailes et l’entrée d’un côté, et cinq ailes de l’autre côté.

Les travaux de gros œuvres sont terminés à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le bâtiment est aussitôt réquisitionné par l’armée, française d’abord pour accueillir les réfugiés espagnols, allemande ensuite pour servir de lieu de détention, le Stalag 124. L’hôpital n’a donc pas le temps de soigner ses premiers patients qu’il est utilisé pour écrire l’une des pages les plus sombres de l’Histoire.

La Commission administrative ne récupère les locaux qu’au début des années 1950 et peut alors pleinement redémarrer les travaux. La tranche 1952-1953 est particulièrement riche en aide financière : subventions, emprunts, crédits du Plan d'Équipement National. Plus de 10 ans se sont écoulés depuis les derniers travaux. La décennie 1950 est donc l’occasion de multiplier et accélérer le chantier, de prévoir l’installation des dernières innovations techniques, mais aussi des infrastructures qui n’étaient pas pensées ou prévues en 1933 tels un laboratoire d’anatomo-pathologie, une animalerie-laboratoire, une réserve à alcools, des ateliers-magasins pour les services techniques, etc. Des bâtiments annexes sont ajoutés au bâtiment principal : deux logements de fonction en 1954 pour le directeur et son adjoint, rue de la Marne ; le terrain de l’autre côté de l’avenue des Lombard actuelle est acheté en 1955 afin d’y construire l’école d’infirmières ; et une propriété est acquise sur la commune de Saint-André-les-Vergers en 1961 pour loger les internes.

L’hôpital de Troyes est inauguré le 29 juin 1961 en présence de Bernard Chenot, ministre de la santé publique et de la population, Roger Sévérie, préfet de l’Aube et Henri Terré, député-maire de Troyes. De nouveaux services spécialisés sont ouverts après 1961 afin d’apporter à la population une proximité de soins qui n’existait pas avant : dermatologie, cobalthérapie, hémodialyse, service d’urgences. La dernière construction est celui de  « La mère et l’enfant », construit entre 1979 et 1984 pour accueillir la maternité, un dispensaire et un service de médecine de 60 lits - depuis, notamment, l’accueil principal de l’hôpital a été totalement repensé grâce à l’ajout d’un nouveau bâtiment donnant sur la rue l’abbé Velut. C’est aussi dans ce plan national d’ « humanisation des services hospitaliers » qui voit le jour dans les années 1980 que l’hôpital de Troyes a réhabilité progressivement ses services et unités de médecine/chirurgie.

En novembre 2020, le Centre hospitalier a déposé aux Archives départementales les archives de sa direction du patrimoine. Celles-ci regroupent, sur plus de 9 ml, l’ensemble des dossiers de la construction des Hauts-Clos et documentent son édification, son histoire et sa modernisation tout au long du XXe siècle. Vous trouverez ci-dessous l'instrument de recherche du fonds. Celui-ci est consultable en salle de lecture des Archives départementales.

Aurélie Gauthier

Septembre 2022

Illustrations

Cote : HD 387/2373, HD 387/2454, HD 387/2561.

Date : [1950-1960] ; 29 juin 1961.

Support : Photographies argentiques en noir et blanc

Description : Photographies de la construction de l’hôpital et de son inauguration le 29 juin 1961.

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